Tsuki se réveilla à l'aube. Elle fut d'abord troublée quelques secondes par
l'environnement qui l'entourait, habituée à la compagne et à la forêt. Mais elle retrouva vite
ses esprits ; elle était ninja après tout. A moitié cachée par ses
couvertures, elle fit une rapide analyse de la pièce ; elle était baignée
dans l'obscurité, de très faible rayons de soleil filtraient à travers
les rideaux mal tirés, il devait être très tôt dans la matinée. Elle avait décidé d'aller près du pays du feu dans un village tranquille et avait préféré de dormir dans un hôtel minable. Il devait donc être environ quatre heure et demi du
matin...
Elle décida quand même de se lever, a quoi bon rester couchée ? Elle savait
qu'elle n'arriverais pas à retrouver le sommeil et si par hasard elle y
parvenais, ce ne serait que pour replonger dans ses cauchemars. Elle se
redressa péniblement sur le matelas qui s'enfonça sous son poids.
Elle émit un vague grognement, puis se leva en se dirigeant vers la salle de bain. C'était une très petite pièce, à peine quatre mètres carrés, dans laquelle on avait réussi à faire tenir
une douche dans l'angle opposé de la porte et un WC collé à un évier
surmonté d'une glace tâchée par l'usure du temps. Le tout dans les tons
noirs et roses, de quoi vous donner envie de vomir...
Mais Tsuki ne s'attarda pas sur l'allure peu engageante de la salle de bain. Après avoir passé toute sa vie dans la forêt qui avait pour seul moyen d'hygiène les lacs et cascades ce n'était pas ça qui allait lui faire peur. Elle se dépêcha donc d'ôter
ses vêtement, d'entrer dans la douche et de tirer le rideau.
Elle enclencha le jet, laissant cascader l'eau bouillante le long de son corps et ruisseler sur son visage de marbre. Savourant la morsure du
jet sur sa peau trop pâle. Elle ferma les yeux pour savourer cette
sensation de brûlure, ce simulacre de douleur qui lui rappelait qu'elle
vivait encore, que quelque chose la rattachait encore à ce monde
physique. Qu'elle était vivante. Elle ouvrit le jet chaud au maximum et
laissa la douleur l'enivrer, prendre toute la place dans son esprit,
pour qu'elle chasse ses autres pensées. Haruka la laissa prendre le
contrôle jusqu'à ce que plus rien d'autre à par elle n'existe... Sa
douleur.
Elle oublia pendant quelques instants tout ce qui l'entourait; toutes ces
choses matérielles inutiles et ses sentiments futiles et encombrants. Toutes sa vie dans ce village ou elle avait grandi, sa vie avec Hayato, sa mort, tout.
Mais cette sensation ne dura pas plus longtemps, elle soupira puis sortit et s'habilla.
Tsuki sortit ensuite de sa chambre et paya l'audition et partit pour les cascades qui se trouvait à proximité du village.
Le paysage ne laissa pas Tsuki indifferente, bien au contraire. C'était un véritable paradis. Tsuki ne put s'empêcher et se laisser tomber sur l'herbe fine et de fermer les yeux. Mine de rien ça lui faisait du bien...